Emballages: Le jour où ma boîte de raviolis se transformera en lampe d’Aladin

par | 19 novembre 2014 | Actualités, Blog, Internet, Nouveaux médias, Objets

Le salon « Emballage et Manutention » se tient en ce moment à Paris. Il y est heureusement question d’économie solidaire et de développement durable, mais dans ce domaine, nous avons beaucoup à espérer aussi de la révolution numérique. A condition qu’elle soit mise au service des consommateurs et pas seulement des fabricants.

L’emballage en cumul de fonctions

La plupart des emballages actuels cumulent trois fonctions que le numérique rend enfin possible de séparer : une fonction de protection, une fonction de séduction et une fonction d’information.

La fonction de protection joue un rôle majeur dans toutes les étapes qui vont de la fabrication du produit à son arrivée chez le client. Elle est également associée au stockage des produits : des objets sphériques ont besoin d’être emballés dans des boîtes carrées pour pouvoir être empilés…

La fonction de séduction est associée préférentiellement aux produits de luxe, (alcool, parfums, bijoux…), mais elle intervient aussi pour de nombreux produits de consommation courante, et notamment pour les produits alimentaires. Aurions nous autant envie d’acheter des tranches de jambon emballées sous vide si l’enveloppe de plastique qui les contient de nous les présentait pas comme bien plus appétissantes, et en même temps bien plus faciles à séparer l’une de l’autre qu’elle s ne le sont en réalité…

Enfin, la fonction d’information, bien que valorisée par les associations de consommateurs, est souvent reléguée à la portion congrue. La date de péremption est difficile à trouver, les mentions de composition sont réduites aux obligations légales, les noms des additifs donnés sans aucune explication… Mais les fabricants d’emballages ont aujourd’hui le moyen de faire leur révolution, à condition de séparer les trois fonctions dévolues aux emballages, et de faire prendre en charge par le numérique la fonction d’information, et patiellement la fonction de séduction.

L’e-emballage, un feu d’artifice d’effets à domicile.

Imaginons des objets emballés de façon neutre, c’est-à-dire la moins coûteuse possible tout en satisfaisant aux normes en matière de bonne conservation et de protection de l’environnement. Par exemple une boite de raviolis. Un QR code permet à celui qui en prend possession d’accéder à un portail en ligne. L’enfant y télécharge sur son téléphone mobile (n’oublions pas que beaucoup d’entre eux en ont un) des animations ou des jeux qui deviennent pour lui l’équivalent de ce que fut dans mon enfance les cadeaux cachés dans les barils de lessives Bonux : une source d’émerveillement qu’il fallait aller chercher pour en bénéficier ! Quant aux adultes, ils y trouvent des informations sur les conditions de garantie et les utilisations possibles des produits qu’ils viennent d’acheter, leurs qualités nutritionnelles et leurs additifs s’il s’agit d’aliments, les parts prises par les producteurs et les intermédiaires dans leur prix, mais aussi l’évolution de celui-ci depuis plusieurs années, et pourquoi pas un forum sur lequel chacun peut poser ses questions au fabricant du produit, mais aussi aux autres internautes… Bref, pour les enfants comme pour leurs parents, la boîte de raviolis se transforme en une merveilleuse lampe d’Aladin !

Pour une maîtrise des données personnelles de consommation

Mais la révolution numérique ne permet pas seulement d’informer différemment, et plus complètement, sur les produits. Elle est porteuse aussi d’un changement d’état d’esprit : le désir de se responsabiliser afin de s’approprier sa propre vie. Or ce désir sera de plus en plus inséparable de la gestion par chacun de ses données personnelles, autrement dit de sa part du fameux Big Data qui pourrait bien constituer la source de richesses la plus importante du XXIème siècle.

Alors, imaginons. Chaque produit acheté, que ce soit en magasin ou sur Internet, porte un code que le consommateur entre dans un espace numérique protégé qu’il possède sur Internet, et qui est dédié à sa consommation personnelle. Il a ainsi accès en permanence à ses données constamment mises à jour sur les produits qu’il consomme et l’argent qu’il y consacre. Cet espace lui propose également diverses options pour vendre ses données personnelles à des entreprises spécialisées, puisqu’il en existe qui se consacrent à les exploiter comme d’autres s’occupent du recyclage des déchets.

Les emballages qui accompagnent nos produits ne sont actuellement que des enveloppes plus ou moins sophistiquées destinées à les protéger, à les rendre plus attractifs et, dans le meilleur des cas, à informer sur leurs particularités. Il appartient aux entreprises spécialisées dans ce domaine d’en faire autre chose : un support de connaissance et de maîtrise, par chacun, de ses données personnelles de consommation, reconnues comme une propriété qu’il peut thésauriser ou vendre selon ses choix.