L’école face à la révolution numérique: privilégier la culture sur les outils (3) Axe 3. Apprendre autrement, apprendre d’autres choses

par | 16 avril 2012 | Adolescence, Blog, Nouveaux médias

De la même façon que la culture numérique oblige à repenser les manières de faire travailler les élèves, la variété des outils que les élèves ont maintenant à leur disposition oblige à repenser la spécificité de chacun. Ce serait en effet une erreur grave que de vouloir utiliser les écrans pour apprendre mieux ou plus vite ce qu’ont toujours bien appris les livres. A l’opposé, c’est en prenant en compte ce que le numérique apporte de spécifique qu’il devient possible de fonder une complémentarité de la culture du livre et de celle des écrans. Or les outils numériques ont deux atouts importants : ils peuvent s’adapter à chaque élève et ils favorisent les deux composantes de la motivation intrinsèque : la sécurisation et l’innovation:

1. Un espace qui s’adapte à chaque élève

Grâce aux technologies numériques, l’élève peut travailler à son rythme, aux moments où il le souhaite, en trouvant dans chaque discipline un niveau de difficultés adapté à ses compétences. En outre, s’il le souhaite, il s’appuie sur un tuteur virtuel qu’il peut à tout moment convoquer et consulter.

2. Un espace qui favorise la motivation de sécurisation

Pour s’engager dans l’exploration de notions nouvelles, il faut se sentir rassuré. Cela peut se faire de plusieurs façons. Les technologies numériques y contribuent de deux manières. D’abord, les logiciels ne jugent pas et ne condamnent pas. D’ailleurs, en règle générale, l’erreur n’y est pas pénalisée. Mais surtout, ces technologies permettent à l’apprenant de se constituer une véritable « feuille de route » dont il peut visualiser les étapes à chaque moment, et pas seulement dans le domaine des connaissances acquises. Cette consultation est en effet possible pour toutes les opérations correspondant à la construction et à l’exécution d’un programme : les connaissances existantes au départ, les progrès dans l’acquisition de compétences nouvelles, la diversité des stratégies utilisées pour résoudre les difficultés, et enfin l’importance du recours aux pairs et aux bases de données pour y parvenir.

3. Un espace qui favorise la motivation d’innovation

Chacun prend d’autant plus de plaisir à une tâche qu’il y construit son propre parcours personnel. S’il est amené à y consulter des documents – ce qui est toujours le cas dans les parcours d’apprentissages -, cela peut se faire en développant deux types d’interaction.
Les interactions de consultation consistent à consulter les documents d’une bibliothèque ou d’une vidéothèque virtuelles à partir des objets et des personnages.

Les interactions de navigation, au contraire, consistent à faire apparaître dans la navigation même les informations nécessaires pour faire rebondir l’exploration. Elles ne s’opposent plus à l’expérience immersive, mais contribuent au contraire à la rendre plus dense. Cette consultation se fait alors selon deux grands modèles : le modèle arborescent permet d’opérer des choix entre différents parcours possibles dont les multiples combinaisons sont minutieusement préparées ; tandis que le modèle rhizomatique fait exister des segments de narration que le joueur rencontre au gré de son parcours (l’interface graphique leur donne leur unité). L’intérêt de ce type de construction réside dans le fait que chaque internaute se construit un parcours personnel complexe.

Nous voyons que la culture des écrans sera celle de la prise de distance vis-à-vis des apprentissages ou ne sera pas. Et pour cela, l’éducation et la formation numériques doivent favoriser à la fois les apprentissages et le recul par rapport aux apprentissages, c’est-à-dire à la fois l’engagement (c’est ce qu’on appelle l’immersion) et le désengagement, en invitant à chaque fois l’élève à inscrire les actions qu’il accomplit à l’intérieur d’une perspective plus large.

Mais en même temps, elle ne sera effective que si les interlocuteurs des jeunes les accompagnent : parents, éducateurs, pédagogues…