A qui profite l’addiction ?

par | 28 février 2009 | Blog, Jeux Vidéo

ou : Comment intégrer les joueurs excessifs à l’économie ?

Les autorités Chinoises, en décrétant que les joueurs excessifs – c’est à dire excessifs à leurs yeux – souffraient d’une maladie appelée « addiction », ont rendu possible leur hospitalisation forcée dans des hôpitaux militaires où on a tôt fait de les remettre au travail. Les Etats-Unis d’Amérique, eux, n’intègrent pas leurs malades en les transformant en petits soldats, mais en gros consommateurs. Autre pays, autres mœurs. Si les autorités sanitaires américaines reconnaissent l’addiction aux jeux vidéo, ce sera donc parce qu’un puissant lobby prétend aujourd’hui les soigner avec des psychothérapies sur mesure. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Les chercheurs cognitivistes et comportementalistes, qui ont mis au point les stratégies d’apprentissage capables de scotcher les jeunes aux jeux vidéo, connaissent évidemment sur le bout du doigt les stratégies qui permettent de les en décoller : et pour cause, ce sont les mêmes ! Celui qui fabrique le poison est évidemment le mieux placé pour fabriquer aussi son antidote ! Et les thérapeutes de cette obédience ne sont pas les seuls intéressés : faire reconnaître le jeu vidéo excessif comme « addiction » ouvrirait en outre ce marché à l’usage des « drogues » légales : je ne serais pas étonné que, si la décision était prise de faire de l’Internet Addiction Disorder une pathologie reconnue, des laboratoires pharmaceutiques proposent bientôt des médicaments pour guérir les adolescents joueurs excessifs ! Ils représentent en effet un fabuleux marché… même si la plupart deviennent des joueurs tout à fait raisonnables au moment du passage à l’adulte. Ils ne voudront pas se faire soigner parce qu’ils ne se sentent pas malades, me direz vous. Et bien justement, le mot d’addiction justifiera qu’on les y force ! D’où l’enjeu que ce mot représente. L’accepter n’est pas anodin. C’est un choix de société.