L’individu est un groupe dont la psyché est soumise à l’épreuve des générations. Telle est l’approche que Nicolas Abraham inaugurait voici près d’un quart de siècle avec sa « théorie du fantôme ». De nombreux travaux actuels sur la « transmission psychique » connaissent la révolution opérée par cette approche, mais ils n’en mesurent pas toujours l’enjeu.
Dans son introduction, Serge Tisseron rappelle que cet enjeu consiste à placer le lien social au centre de la compréhension du fait psychique individuel. La question de la vie psychique entre les générations devient alors celle des diverses modalités de la symbolisation, tant verbale que non verbale, et des processus psychiques qui y interviennent.
Nicolas Rand propose une clarification du concept de « fantômes » en reprenant l’analyse d’Hamlet initié par Nicolas Abraham. Maria Torok et Nicolas Rand étudient la notion d’inquiétante étrangeté dans la clinique du fantôme en s’appuyant sur une nouvelle lecture de L’Homme au sable, de E.T.A. Hoffmann. Claude Nachin précise le fonctionnement de la « crypte » et du « fantôme » et les particularités des cures des patients qui en sont porteurs. Serge Tisseron dégage les conditions particulières qui peuvent faire des images psychiques les vecteurs et les témoins privilégiés des secrets entre les générations. Pascal Hachet explore la clinique de la crypte et du fantôme chez les toxicomanes. Jean-Claude Rouchy, enfin, analyse l’impact de la clinique du fantôme dans l’approche des groupes et des familles.