Les travailleurs du nucléaire sont aujourd’hui en crise[[Ce texte est inspiré par un projet de téléfilm développé par Alain de Halleux.]]. La généralisation de la sous-traitance et la course aux bénéfices des actionnaires conduit à une réduction des opérations de maintenance qui met en péril la sécurité. Beaucoup de ces travailleurs sont obligés d’accepter de cautionner des pratiques qu’ils savent être terriblement dangereuses pour leurs concitoyens. Leur situation est d’autant plus compliquée qu’ils ont été d’emblée impliqué dans le secret. Dès ses débuts, l’industrie nucléaire leur a en effet demandé la discrétion vis à vis d’un public globalement hostile. Ils ont accepté cette situation, mais aujourd’hui, la situation se dégrade. Les secrets de leurs technologies, de bons et glorieux qu’ils étaient, sont devenus une cause d’inquiétude, voire de culpabilité. Certains se demandent : « Faut-il continuer à se taire alors que les risques pour la population sont de plus en plus importants ? »
A un moment où un nombre incroyable d’âneries se racontent sur les secrets, cet exemple rappelle qu’il n’existe pas de « bons » ou de « mauvais » secrets et que tout est affaire de circonstances. Mais cette situation vient aussi attirer l’attention sur une forme nouvelle de maladie professionnelle : le secret d’entreprise. Les conséquences physiques des radiations auxquelles sont soumis les travailleurs du nucléaire sont connus depuis longtemps, même si elles restent souvent insuffisamment prises en compte. Aujourd’hui, le problème est d’une autre nature. C’est la légitimité du secret qu’on leur demande de garder qui est en cause. Certains, comme chez Renault, y répondent par un suicide. Une façon, aussi, de s’imposer le secret quand il est impossible de continuer à se taire.