Lorsqu’après la libération, en 1945, des journalistes ont demandé à des Français qui avaient protégé et caché des juifs au péril de leur propre vie pourquoi ils avaient pris ce risque, certains ont répondu : « On m’avait appris à l’école que tous les hommes se valent ».
N’ayons pas honte : liberté, égalité, fraternité
L’offensive de Poutine sur l’Ukraine et la montée en puissance de la Russie et de la Chine, avec leurs idéologies baptisées frauduleusement « de défense des droits de l’homme », posent plus que jamais la question des valeurs que nos démocraties doivent mettre en avant. Or notre trilogie républicaine correspond parfaitement à ce projet. Car si la Chine et la Russie s’apprêtent à dire encore longtemps qu’ils défendent les droits de l’homme, c’est avec l’intention de réduire la définition aux droits à l’alimentation, à l’éducation et à la santé, et il n’est pas prévue que la liberté en fasse partie. Avec ce programme, ils peuvent défendre l’égalité sans trop de difficultés, et la fraternité plus encore en engageant leurs ressortissants à se serrer les coudes face à un ennemi supposé. Mais pour ce qui concerne la liberté, cela leur est impossible.
Un message éclairé par des réminiscences religieuses
En France, ces valeurs sont inscrites au fronton de tous les monuments publics : liberté, égalité, fraternité. On peut se demander d’ailleurs si les fondateurs de la première République qui ont décidé de les graver dans le marbre n’ont pas été inspirés par leur culture religieuse chrétienne qui présentait comme fondamentales les trois valeurs de la foi, de l’espérance et de la charité, avec une importance toute particulière donnée à la première d’entre elles.
En effet, l’égalité et la fraternité ne sont rien sans la liberté, de la même façon que, dans la religion catholique, l’espérance et la charité ne sont rien sans la foi. Avoir foi dans la liberté de l’homme, cela signifie entre autres accepter que l’homme se trompe dans l’utilisation de sa liberté, voire qu’il en fasse un choix malheureux qui entraîne son asservissement. L’égalité, elle est fondée sur une grande espérance : être tous égaux un jour. C’est difficile à croire, c’est pour cela que c’est une espérance. Quant à la fraternité, nul n’est besoin de chercher bien loin pour trouver sa profonde analogie avec la charité des pères de l’église.
Un concours national
Mais comment valoriser ce patrimoine inestimable ? Comment faire en sorte qu’il s’inscrive dans la mémoire vivante de chacun des enfants qui fréquentent notre école ? Pourquoi ne pas organiser pour cela un grand concours sur la signification de ces trois mots que chaque enfant voit inscrit au fronton de son école chaque matin en y entrant ? Un grand concours dans lequel chaque enfant, seul ou faisant groupe avec d’autres, serait invité à illustrer l’un ou l’autre de ces trois concepts, ou plusieurs. Et à le faire en utilisant les mots et le dessin, mais aussi les images: dessin, photographie, vidéo, animation, stop motion… Tous ces supports d’expression sont en effet désormais accessibles grâce à Internet et à des applis dédiées. La liberté des élèves se trouverait ainsi exaltée par le choix des moyens d’expression privilégiés et la variété de leurs productions L’égalité serait elle aussi valorisée autrement qu’avec des mots puisque tous les moyens d’expression seraient considérés comme ayant même valeur. Enfin, la fraternité s’exercerait dans le choix de chacun de faire groupe avec qui il souhaite.
Des prix pourraient être attribués à chaque tranche d’âge, et touts les productions pourraient être valorisées sur un site de l’éducation nationale. Mais surtout, on peut espérer qu’après un tel concours, ces trois mots résonneraient autrement qu’ils ne le font aujourd’hui dans la conscience des enfants, et aussi dans celle de leurs parents.