On parle beaucoup de cadres et de limites au sujet de la consommation de jeux vidéo par les enfants. Mais que signifie « cadrer » ? En pratique, trois choses.
C’est d’abord apprendre à raisonner en terme de « temps d’écran » : chaque année, les parents doivent fixer avec leur enfant la durée dont il peut disposer, tous écrans confondus, compte tenu de son âge et des pratiques familiales (ce temps d’écran ne peut évidemment pas être le même dans une famille où les parents travaillent en ligne à domicile et dans une autre où ils ne regardent jamais ni télévision, ni ordinateur). Cadrer, c’est ensuite fixer, dès que l’enfant est en âge d’aller sur Internet, des horaires au-delà desquels l’accès à celui-ci est interrompu, afin d’éviter qu’un préadolescent ou un adolescent ne s’adonne à des jeux en réseau alors que ses parents croient qu’il dort ! Les parents n’accepteraient pas de prendre un abonnement pour que leur adolescent aille toutes les nuits à la fête foraine, alors pourquoi accepteraient-ils qu’il aille chaque soir sur World of Warcraft, parfois jusqu’à l’aube ? Cadrer, c’est enfin ne jamais permettre à un enfant âgé de moins de 12 ou 13 ans d’aller sur des jeux en réseau – qui ont un fort pouvoir addictif – et leur préférer avant cet âge les jeux off line. D’autant plus que certains d’entre eux sont de merveilleux livres d’images qui invitent le joueur à vivre des récits initiatiques par écrans interposés
Pourtant, cadrer sans accompagner ne serait rien. Avec les jeux vidéo, les écrans prendront en effet une part de plus en plus importante dans les apprentissages, notamment sociaux, de nos enfants. C’est pourquoi il est essentiel d’accompagner ceux-ci dans la découverte progressive qu’ils en font, tout comme on le fait avec les livres, la télévision et le cinéma. Cela ne signifie pas qu’il faille nécessairement jouer avec eux. Quand vous emmeniez votre bambin au square, vous ne montiez pas forcément sur la balançoire avec lui. Alors pourquoi vous sentiriez vous obligés de rivaliser avec lui à ses jeux vidéo préférés ? Ceux qui en ont envie auraient tort de s’en empêcher, bien sûr, mais regarder l’enfant jouer, s’intéresser à ce qu’il fait et lui demander de nous l’expliquer, c’est déjà beaucoup.