Un rapport réalisé pour le compte du Ministère canadien de la Santé[[Wendy L.Josephson, Etude sur les effets de la violence télévisuelle sur les enfants selon leur âge, Centre National d’information sur la violence dans la famille, Santé Canada, 2004.]] a montré ce que beaucoup de parents constatent spontanément. Un bébé n’est pas un enfant comme les autres. Il existe en effet autant de différences entre un enfant de moins de trois ans et un autre de plus de cinq ans qu’entre celui-ci et un adulte.
C’est seulement à partir de 6 mois, que les bébés acquièrent la capacité de regarder les images pendant à peu près un quart d’heure, pour autant qu’ils sont placés à proximité d’un téléviseur et qu’ils n’ont rien d’autre d’intéressant à faire. Un bébé de cet âge placé deux heures devant un téléviseur ne sera présent à ce qu’il voit que 10% du temps. Est-ce pour s’adapter que les programmes pour enfants sont si répétitifs ? Mais en même temps ces 10% le rendent capable d’imiter une partie de ce qu’il a vu. C’est ce que démontre une étude réalisée au Japon auprès d’un groupe de bébés téléspectateurs d’une émission éducative populaire. Ces bébés tapaient des mains « comme à la télévision » beaucoup plus tôt que les autres. Ils réagissaient aussi à la présence des héros qu’ils reconnaissaient sur l’écran, par exemple en pointant leur doigt vers eux dès l’âge de 10 mois. Les bébés reconnaissent donc les héros télévisés au même titre que les membres de leur famille. S’attachent-ils aux uns et aux autres de la même façon ? Les personnages vus sur l’écran prennent-ils pour eux la même place que les membres de leur famille en chair et en os ? Si tel était le cas, cela donnerait raison aux fabricants de produits dérivés qui rêvent de faire des héros de séries télé des prescripteurs à part entière, à l’égal des parents, voire plus !